Rencontre avec la Dr Caroline Ram Wolff, lauréate PH recherche 2025 pour ses travaux sur les lymphomes T cutanés.
Le mardi 18 mars 2025 se réunissait le jury pour l’audition des candidats aux lauréats PH recherche permettant d’accorder des temps dédiés à des projets de recherche. 6 lauréats ont été retenus à l’AP-HP. Nord – Université Paris Cité, dont la Dr Caroline Ram Wolff.
La Dr Caroline Ram Wolff, praticien hospitalier en dermatologie à l’hôpital Saint-Louis, est spécialisée dans la prise en charge des lymphomes cutanés primitifs. Elle assure des consultations spécialisées pour ces maladies rares et coordonne la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) « lymphomes cutanés », organisée deux fois par mois à l’hôpital. Chaque année, plus de 500 dossiers y sont discutés.
Caroline Ram Wolff porte un projet de recherche visant à mieux comprendre l’évolution d’un des lymphomes T cutanés les plus fréquents : le mycosis fongoïde. Ces cancers, majoritairement diagnostiqués chez les personnes âgées, peuvent survenir à tout âge. Ils ne sont ni génétiques ni héréditaires et s’installent généralement sous forme de maladies chroniques.
À un stade précoce, le mycosis fongoïde se manifeste par des plaques sur les zones couvertes du corps, faisant parfois évoquer à tort de l’eczéma ou d’autres affections bénignes. La majorité des patients présente une forme chronique contrôlée par des traitements locaux tels que les dermocorticoïdes. Toutefois, une minorité évolue vers des formes agressives. Dans ces cas, la maladie est reconnue comme incurable, la greffe de moelle osseuse représentant la seule chance de guérison, à condition d’obtenir une rémission préalable.
À ce jour, il n’existe aucun moyen fiable de prédire dès le diagnostic quel patient évoluera vers une forme grave. L’objectif du projet est précisément d’identifier des facteurs pronostiques précoces afin d’adapter la prise en charge.
lame digitalisée d‘une biopsie cutanée de lymphome T cutané
Exploiter les données et l’intelligence artificielle
Pour ce projet de recherche, l’intelligence artificielle sera utilisée pour analyser de manière croisée les données de 4000 dossiers patients, enrichie de données cliniques, biologiques, pathologiques et de lames scannées de biopsies cutanées, pour tenter de repérer les premiers signes annonciateurs d’une évolution défavorable.
L’objectif est d’analyser l’ensemble des dossiers puis de constituer une cohorte de 1300 patients. Ce travail de grande ampleur repose sur trois axes majeurs :
- Le recueil systématique des données cliniques et biologiques ;
- Le scan et l’annotation des lames de biopsie ;
- L’analyse croisée des données par des algorithmes d’intelligence artificielle.
Pour ce projet, la Dr Ram Wolff travaillera en étroite collaboration avec trois attachés de recherche clinique (ARCs) et consacrera à ce projet la moitié de son temps professionnel pendant deux ans, tout en maintenant une activité clinique, grâce au dispositif PH recherche.
Si les résultats sont concluants, cette recherche pourrait permettre :
- De mieux adapter le suivi des patients identifiés comme à risque d’évolution grave ;
- De proposer plus tôt des traitements intensifs ou une surveillance renforcée ;
- De favoriser l’accès aux nouvelles thérapies ciblées et aux anticorps monoclonaux en cours d’évaluation.
Les lymphomes cutanés restent des cancers rares, avec environ 600 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en France. Grâce à ce projet, l’équipe de Caroline Ram Wolff espère améliorer significativement la prise en charge et le pronostic de ces patients.